La vanille, épice largement cultivée à Madagascar est soumise à divers risques de différentes natures. On peut citer quatre risques principaux qui peuvent compromettre la culture et la qualité de la vanille tout en influençant son prix et encourageant la spéculation. Voici les principaux risques :
– La Fusariose de la vanille
Egalement appelée « maladie jaune » ou « maladie des racines », la Fusariose du vanillier est une maladie provoquée par le champignon Fusarium oxysporum f. sp. radicis-vanillae. Ce dernier attaque les racines des jeunes lianes de vanille avant même leur entrée en production. Ce parasite génère une détérioration des tissus externes, empêchant ainsi l’absorption d’eau et de sels minéraux, ce qui entraîne la mort des lianes au bout de quelques années, lesquelles se fanent tout en perdant leurs feuilles avant de mourir. La Fusariose de la vanille remet souvent en cause la production de la vanille, sachant que les pertes avoisinent les 30% de la récolte attendue.
Les producteurs ont essayé divers traitements, comme les traitements biologiques ou agrochimiques, cependant les résultats ont été décevants. Seul le toilettage des parties symptomatiques appelé « prophylaxie » leur a permis d’obtenir des résultats encourageants. Aussi, les chercheurs fondent leurs espoirs sur des techniques visant à croiser les vanilliers issus de l’orchidée Vanilla Planifolia sensible à ce champignon avec ceux issus de la Vanilla Pompona résistante au même champignon.
Pour l’instant, la meilleure solution reste la prévention, en combinaison évidemment avec d’autres méthodes, comme le respect de la densité de la plantation sur un sol humide et bien drainé, tout en étant riche en matière organique. Aussi, il est important de tailler les tuteurs tout en procédant au désherbage, sans oublier le traitement chimique à appliquer dès l’apparition des premiers symptômes, avec un renouvellement au besoin au bout d’une dizaine de jours.
Par ailleurs, le vanillier peut également souffrir d’autres maladies comme le Mildiou et l’anthracnose. Tout comme pour la Fusariose, la prévention joue un rôle important.
– Les cyclones
Madagascar est un pays tropical qui connait des saisons de cyclones, et ses tempêtes tropicales. Ces catastrophes naturelles touchant généralement les régions situées dans le nord du pays peuvent parfois endommager près du tiers de la récolte. Ces désastres poussent également les cultivateurs de vanille à procéder à la récolte avant terme.
Le dernier cyclone Enawo a par exemple ravagé la récolte de la région de SAVA en mars 2017. Cette dépression tropicale a tué plus d’une cinquantaine de personnes et endommager 30% de la récolte. Classé au niveau 4 sur une échelle d’intensité comptant 5 niveaux, Enawo était accompagné de violentes rafales de vent, atteignant les 300 km/heure, ainsi que des pluies diluviennes. Il succède ainsi au cyclone Giovanna, ayant ravagé l’île en 2012.
– Les vols de récoltes
La vanille Bourbon de Madagascar souffre d’un autre type de menaces, car la flambée de son prix attire des voleurs de récoltes, prêts à tout pour récupérer les gousses de vanille. Ce phénomène est responsable de l’insécurité qui règne dans le milieu, sachant que plusieurs meurtres ont été commis par des voleurs ; poussant les planteurs à dormir dans leurs exploitations en étant armés de sabres et de fusils pour protéger leurs récoltes, tuant à leur tour les voleurs qui s’aventureraient dans leurs exploitations.
Aussi, ce fléau pousse de plus en plus de producteurs à recourir à la cueillette précoce de cette épice avant l’ouverture de la campagne de récolte, alors qu’elle est encore verte. Toutefois, cette pratique nuit à la qualité de la vanille de Madagascar en réduisant considérablement le taux de vanilline contenu dans les gousses, sachant que cette molécule se développe durant les dernières semaines précédant la récolte.
Les voleurs peuvent voler toute la récolte d’un cultivateur s’il ne la protège pas. Les autorités locales ont pris quelques mesures bien qu’elles soient insuffisantes, comme la mise en place d’un système de poinçonnage par le ministère de l’Agriculture, permettant de retracer l’origine de la vanille. Cette année, les autorités locales ont pu grâce à ce système, restituer 630 kilogrammes de vanille volée sur les 830 kilogrammes saisis, à leurs propriétaires. En outre, les autorités déconseillent aux propriétaires de lyncher les voleurs, tout en leur conseillant de faire appel à eux dans le but de les neutraliser.
– La conservation sous vide
Certains producteurs malveillants recourent au conditionnement de leurs gousses de vanille sous vide. Cette méthode pourtant prohibée par l’Etat malgache, permet non seulement de conserver l’humidité des gousses plus longtemps, mais aussi d’augmenter leur poids, afin d’en tirer de meilleurs prix, lors de l’ouverture officielle de la commercialisation pour la saison suivante. Tout comme les risques précédemment cités, cette pratique affecte également la teneur des gousses en vanilline tout en favorisant le développement de moisissures et d’autres substances pouvant nuire au profil aromatique de la vanille de Madagascar.