La vanille, reine des épices, est très prisée en gastronomie, en cosmétique et même en médecine. A Madagascar, elle est cultivée principalement dans les forêts de la SAVA, région située dans le nord-est du pays, où elle occupe entre 25.000 et 30.000 hectares de plantations.
Son prix s’est envolé ces dernières années, pourtant les agriculteurs ne bénéficient aucunement de cette augmentation. De plus, ils subissent stress et peur à cause de l’insécurité qui règne dans les plantations de vanille. Les saveurs de cette épice sont parmi les plus demandées de l’industrie alimentaire (chocolats, boissons, confiseries, glaces…), par conséquent les paysans ont augmenté leur production. Les autres raisons de l’augmentation de la production de la vanille de Madagascar, sont nombreuses. La plus importante est la tendance actuelle des consommateurs à travers la planète, à acheter des produits alimentaires sans arômes artificiels ou ingrédients chimiques. En effet, la vanille de Madagascar est un produit biologique et non OGM. Les plus grands consommateurs sur le marché international sont les États-Unis et la France, suivis du reste de l’Europe et de l’Asie. Aussi, cette demande a poussé les principaux acteurs dans le domaine à améliorer la qualité de l’épice, afin d’acquérir un avantage concurrentiel sur le marché mondial de la vanille.
Actuellement, la consommation de la vanille de Madagascar a été affectée comme tous les produits par la pandémie mondiale de la Covid-19, sachant que les principaux consommateurs que sont les industriels (fabricants de boissons, de confiseries, d’autres produits alimentaires, de cosmétiques…), ont réduit leur production dans les usines.
Un bref retour en arrière
Durant les années 80, l’île de Madagascar ne produisait que 30% de l’offre mondiale, et le prix du kilogramme de vanille avoisinait alors les 50$. Dix-sept ans plus tard, l’île avait été frappée par un cyclone ayant ravagé la partie nord-est du pays. Sachant qu’il faut trois années à une plante pour produire des fèves, le prix de la vanille avait flambé, puis avait fini par s’effondrer. Plusieurs importateurs rapportaient que certains exportateurs demandaient 700$ pour le kilogramme de vanille préparée, le lundi, et qu’ils étaient prêts à la céder 20$ quatre jours plus tard. À cause des prix élevés, certains exportateurs avaient fini par faire faillite.
Évolution des prix depuis 2012
Le prix de la vanille de Madagascar est passé de 50 dollars le kilogramme en 2012 à 400 dollars le kilogramme en 2016, puis à 700 dollars le kilogramme en 2017. Durant cette dernière année, l’île avait souffert des ravages du cyclone Enawo, ayant détruit 30% de la récolte. Ces prix astronomiques n’ont pourtant pas freiné l’engouement des pays occidentaux autour des produits naturels.
Autrefois, le prix de la vanille de Madagascar était fixé par le gouvernement malgache qui formait un cartel avec la Réunion et les Comores. Les prix pratiqués à l’époque avaient poussé les importateurs à se tourner vers des produits moins chers, comme la vanilline synthétique, auprès de fournisseurs basés dans d’autres pays. Cette situation avait conduit alors le gouvernement malgache à mettre fin à la fixation des prix.
Au départ, même avec une certaine liberté les producteurs pratiquaient des prix raisonnables avant 2012. Ensuite, les consommateurs commençaient à se tourner vers tout ce qui est naturel, poussant les utilisateurs de vanille (les glaciers, par exemple) à modifier leurs recettes, en remplaçant la vanilline synthétique par de la vanille naturelle. Les industriels avaient également commencé à montrer de l’intérêt à la vanille naturelle, à l’instar de Nestlé et Hershey. C’est ainsi que la demande sur la vanille de Madagascar avait commencé à augmenter et les prix avec. Toutefois, le gouvernement malgache a décidé de reprendre les choses en main. Tout comme durant la dernière campagne de récolte, c’est le gouvernement malgache qui a fixé le prix de la vanille de Madagascar et non les spéculateurs ou les autres acteurs de la filière vanille. Ainsi, le prix pour la saison 2020-2021, a été fixé à 250 dollars FOB le kilogramme de vanille préparée. Cette initiative n’est évidemment pas du goût de certains exportateurs de vanille, lesquels déplorent cet interventionnisme.
Qui sont les plus grands consommateurs de la vanille de Madagascar ?
Arangi
Les États-Unis viennent en tête avec 42%, suivis de la France avec 18.8%, de l’Allemagne avec 11.8%, ainsi que des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Belgique et du Canada. La raison principale de la domination du marché de la vanille par Madagascar est que la demande des consommateurs a grandement favorisé le goût pour cette vanille si particulière. Près de 40% de la vanille exportée est destinée à l’industrie agroalimentaire, tandis que les 60% restants sont destinés à l’industrie cosmétique et pharmacologique.
Madagascar a maintenu sa position en dépit de la concurrence, de la montée en puissance de la consommation de la vanille synthétique et surtout de problèmes internes liés à la production de cette épice. Les principaux problèmes sont les catastrophes naturelles (cyclones, tempêtes…), les vols de récoltes, et la spéculation. Toutefois, concernant ce dernier point, l’État malgache tend à organiser la filière tout en minimisant le niveau de volatilité, et ce en fixant chaque année le prix, comme vu précédemment.
Où est produite la vanille de Madagascar ?
La plus grande zone de production de cette épice au niveau mondial, est la région de la SAVA, avec environ 70.000 agriculteurs. Cette activité représente 10% du PIB de l’île de Madagascar et près de 25 % de ses recettes d’exportation. La méthode de culture de cette épice est purement traditionnelle, sans mécanisation aucune, ni intrants agricoles. L’ensemble du processus de production nécessite des années de dur labeur, de patience, de rigueur, et de savoir-faire. Il faut plusieurs ouvriers et des centaines de manipulations pour chaque gousse de vanille, afin d’obtenir une vanille préparée de qualité.
Tout au long du processus, la production de la vanille de Madagascar, nécessite une main-d’œuvre importante notamment pour les étapes relatives à la pollinisation manuelle et à la préparation des gousses après la récolte. Cette épice nécessite énormément de temps et de patience, et c’est grâce à cela que la vanille de Madagascar a su rester au top, avec un profil aromatique unique et authentique à la fois. En effet, la saveur de la vanille de Madagascar est forte et crémeuse, de plus les gousses ont une forte teneur en vanilline.
Comment pourrait évoluer la situation à l’avenir ?
En dépit de la baisse de la demande actuellement, à cause du Coronavirus, le marché mondial de la vanille devrait reprendre à la hausse, à l’horizon 2025, selon les prévisions. Cette filière souffre plus de la spéculation que d’autre chose et c’est l’une des principales raisons ayant freiné certains industriels et autres grands consommateurs. En effet, le prix de cette épice a été multiplié par 14 en l’espace de cinq ans, ce qui est énorme. En dépit de cela, plusieurs acteurs tentent de remédier à cette situation, et certains observateurs sont optimistes et pensent qu’à l’avenir de nouveaux investisseurs feront leur entrée sur le terrain.
Pourquoi la vanille de Madagascar domine le marché mondial ?
La vanille de manière générale, et celle en provenance de Madagascar en particulier est utilisée dans l’industrie alimentaire pour aromatiser les boissons, les gelées, les sirops, les confitures, les glaces et le chocolat. Elle est également employée dans l’industrie pharmaceutique, pour ses nombreuses vertus pour la santé, notamment grâce à ses propriétés antioxydants, toniques, relaxantes, aphrodisiaques, antibactériennes, apéritives et digestives. Ainsi, en plus de soigner les troubles de la peau (déshydratation, rides…), elle est efficace contre la dépression, le manque de concentration et la fatigue intellectuelle.